Ines, source intarissable
Elle est mystère et pourtant n’a rien à cacher. Elle répond habilement, avec quelques détours, mais sans faux semblant. Elle est l’eau qui dort. Pas celle dont il faut se méfier, mais celle qui peut être mer apaisée, vagues déchainées ou même tsunami. Ines Talaouanou, c’est une source intarissable.

“J’ai été le Joker” avant de devenir Batwoman

Ines est née à Alger, ville que ses parents ont dû fuir alors qu’elle avait à peine un an et demi. Deux bébés sous le bras, les voilà à Bruxelles, ville qui les verra grandir, elle et son frère aîné. Pourtant, elle estime que ce n’est pas celle-ci, la terre où elle peut dire “ici, c’est mon histoire”. Cette histoire qui la façonne, elle se trouve en Algérie. Si c’est le pays qui l’a vue naitre, c’est aussi le pays qui lui a permis de muer, de devenir celle qu’elle est aujourd’hui. “À ce moment-là, j’étais étudiante en droit. C’était la fin de la deuxième année et là, j’échoue à un examen. Pour moi, ça a fait l’effet d’une bombe, j’ai complètement pété un plomb. J’étais en burn out. À l’époque, réussir mes études, c’était la seule façon de garder le contrôle. Je n’avais pas confiance en moi, j’étais maussade. J’avais l’impression que seuls les méchants, les durs, pouvaient parvenir à leurs fins. Je me suis renfermée, je me suis isolée socialement, j’étais devenue le Joker.Ines décide alors de partir sur sa terre natale et là, le temps d’un été, elle retrouve foi. En la vie, en elle et sa spiritualité. Le début d’un cheminement qui pose les bases de celle que nous connaissons aujourd’hui.

Ines, l’improbable

Si elle devait se présenter, Ines choisirait sa page LinkedIn. “Sur ce profil, il y a tout. Et puis j’adore faire les CV des gens que je connais, et sur ce réseau, le CV a des raisons utilitaires. Revenir sur ton parcours professionnel, le détailler, ça aide à donner du sens. Tu te mets en récit et tu prends conscience de tes expériences et de tes atouts.” Voici le résumé de son profil LinkedIn : “Gestion de projets, création de contenu et formation. Ambassadeurs d’expression citoyenne. Parresia media.” Mais Ines est incroyablement plus ! La décrire en trois paragraphes est presque un défi impossible tellement elle regorge de subtilités… et d’imprévisibilité ! D’un point de vue purement professionnel, elle nous délecte déjà d’expériences improbables. Elle s’est retrouvée compteuse (et non conteuse, quoique…) dans le métro, boussole habillée d’une chasuble orange Porte de Namur (elle devait orienter les passant·e·s perdu·e·s lors des travaux sur la Chaussée d’Ixelles) ou encore… responsable de l’administration des AEC, sans avoir postulé et surtout, sans être experte RH ou gestionnaire admin. Comme quoi, pour elle, tout est possible.

À la tête d’une cellule clandestine

À l’heure actuelle, ce qui définit le mieux Ines, c’est son engagement. Elle l’a toujours porté en elle, de par son histoire familiale certainement, mais aujourd’hui, elle est l’essence de l’alliée. Elle a d’abord rejoint des causes dites communautaires parce qu’ailleurs, elle ne trouvait pas sa place. “Je faisais notamment partie de cercles étudiants ou d’associations dédiés à la cause arabo-musulmane parce que là, mes valeurs étaient respectées.Mais depuis, Ines a trouvé chez les Ambassadeurs ce qu’elle cherchait depuis longtemps: un environnement qui se veut le plus inclusif possible, un lieu qui rassemble les causes, sans distinction ou échelle de valeurs. Elle est d’ailleurs aux fondements de la nouvelle cellule Dhakir (ce qui signifie “celui qui se souvient”), cellule qui a pour objectif le passage à l’action de nos idées, de notre engagement. Suivre un procès, organiser une manifestation, créer une action de toutes pièces… Au sein de Dhakir, les jeunes hissent les drapeaux, scandent des slogans et unissent leurs forces au profit des minorités et des injustices. Que ce soit pour la Palestine, le Congo ou les femmes.

Vous en voulez encore ?

Dépeindre Ines est un exercice fou, car chaque jour qui passe dévoile un autre aspect de sa personnalité. Elle est terriblement généreuse, elle chante à tue-tête (un bonheur en open space), elle porte les plus jolies (non) pantoufles, elle est pertinente, elle est follement drôle, elle est surprenante, elle est pleine d’auto-dérision, elle croit en la justice, elle écoute et en toute humilité, elle aime apprendre des autres. Elle a prolongé sa formation en entamant un Master complémentaire en droit international, elle s’intéresse à la physique quantique, elle réfléchit, elle ose, elle écrit (notamment pour Parresia). Elle est la lutte, elle est le poing, elle est l’oreille. Et en quelques petites questions, en voilà un rien plus sur elle:

  • Thé marocain ou algérien ? Algérien, forcément. Il est moins sucré, plus subtil.
  • Écriture, chant ou slam ? Rap et slam !
  • Envie de devenir politicienne ? Une parapoliticienne. Militante et engagée, mais pas encartée.
  • Impénétrable ou mystérieuse ? Je ne sais pas, Mo(u)nia dit souvent ça de moi. Je ne vois pas comment être davantage un livre ouvert. Mais je veux bien apprendre.
  • J’ai une âme d’enfant, je joue. J’ai des comportements qui peuvent sembler décalés, des réactions peu communes, mais quand (et si) je me sens à l’aise quelque part, dans un groupe, j’agis comme je veux, je laisse parler ma part d’enfant.
  • Ta musique à écouter en boucle ? Someday we’ll all be free de Donny Hathaway
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